Ce rapport contient des informations très intéressantes sur la formation, la pratique et le recours à l’homéopathie en Belgique. Néanmoins nous avons à formuler de sérieuses réserves sur l’évaluation de l’efficacité « scientifique » de l’homéopathie qu’il contient. Par rapport à l’efficacité de l’homéopathie dans des indications particulières, un seul critère a été utilisé, celui des revues systématiques des études randomisées avec contrôle placebo, le « gold standard ». Il faut pourtant savoir que la médecine basée sur les preuves (Evidence Based Medicine) ne se limite pas à ce seul niveau « idéal » mais regarde toute une série de niveaux de preuves (références : Sackett et al, 1996; Rosenberg et Sackett, 1996, Rosenberg et Donald, 1995). Si nous devions nous limiter à cette approche pour les médicaments de pratique courante, il a été démontré que seulement 11% atteindraient le niveau absolu requis ici pour l’homéopathie (référence : http://clinicalevidence.bmj.com/ceweb/about/knowledge.jsp ).

Les critères de sélections des publications utilisées ici pour cette évaluation ne sont pas clairs et suspects d’avoir induit le rejet de publications positives dans plusieurs indications puisque ces résultats ne sont pas en accord avec d’autres évaluations comme celles de la faculté d’homéopathie à Londres (référence : Systematic reviews of RCTs in homeopathy, http://www.facultyofhomeopathy.org). Une question fondamentale est aussi celle de l’adaptation de cette comparaison à un placebo pour les traitements homéopathiques puisque le traitement homéopathique n’est pas le même pour chaque patient présentant la même maladie. Dans ce cas d’autres types d’études sont indiqués comme la comparaison de différentes approches entre elles (étude pragmatique).

Par rapport à l’utilisation de l’homéopathie en Belgique, il est important de signaler aussi que si 6% des Belges ont consulté un médecin homéopathe durant les 12 derniers mois, le recours à des médicaments homéopathiques en pharmacie (qui n’a pas été analysé ici) est bien plus important étant donné que les patients peuvent aller chercher ces médicaments par eux-mêmes en pharmacie avec ou sans le conseil du pharmacien (référence : Scientific Framework of Homeopathy ECH).

Le degré de satisfaction des patients est comparable à celui du recours à un médecin conventionnel. Un point qui n’a pas été abordé dans ce dossier est celui du recours aux médicaments conventionnels et aux conséquences de cette démarche car si on utilise moins de ces médicaments, les risques iatrogènes seront diminués ainsi que les coûts pour la sécurité sociale (réf. : Scientific Framework of Homeopathy ECH).

Nous sommes cependant satisfaits que ce rapport conseille de réserver la prescription du médicament homéopathique aux médecins agréés et qu’il considère aussi les aspects de la sécurité du médicament homéopathique obtenue par les mesures imposées lors de l’enregistrement de ces médicaments. En effet, ces médicaments ne sont pas toujours aussi « dilués » que beaucoup ont encore tendance à croire.

Affaire à suivre certainement.

Dr Léon SCHEEPERS – Président.